Le poêle alsacien, réfractaire mais chaleureux
Dans les maisons alsaciennes traditionnelles, au centre de la pièce à vivre où se regroupe la famille, la « Stub », le poêle en faïence « Kochelof « , « Kacheloffe « , « Kachelofe « , « Kache-lofen « … chauffe depuis plus de 600 ans.
Origines millénaires
On attribue à l’architecte Romain Sergius Orato l’invention du chauffage par rayonnement : la chaleur issue d’un feu de bois et de ses fumées s’accumule dans une masse de matériaux. On le retrouve plus tard dans les Alpes sous forme de poêle simple en briques et en argile, un « cacabus » destiné à réchauffer les mains. Au Moyen-Âge, on utilise la céramique pour décorer les objets du quotidien ainsi que le Kachelofe. Dès le XIIIe siècle, un potier de Sélestat (Bas-Rhin) aurait le premier utilisé la glaçure. Au XIVe siècle, intégré à la maison, entièrement recouvert de faïences ou de plaques en fontes mêlées, il devient décoratif. Il évolue selon les modes et bénéficie des progrès techniques. Quasiment disparu dans les années 1950 avec l’arrivée des chaudières à mazout, il connaît un regain d’intérêt. Il est possible de voir des Kachelofe anciens au Musée alsacien de Strasbourg (67) et à l’Écomusée à Ungersheim (68), sinon chez des particuliers.
Un coeur de feu
Le poêle alsacien est un procédé de chauffage de masse. Son cœur de chauffe conçu en pierre ou en béton réfractaire conserve la chaleur. Dans la première chambre de combustion (foyer fermé généralement en fonte), le bois brûle à 800 °C minimum. Dans la seconde, les fumées et les gaz de bois dont la température oscille entre 700°C et 1000 °C, circulent dans le poêle à travers conduits et chicanes chauffant eux aussi les pierres réfractaires. À la sortie du conduit de cheminée, leur température baisse jusqu’à 200°C ou 150 °C, permettant une récupération quasi complète de l’énergie. À noter, un conduit en bon état, évite le tubage.
Ce système de double-combustion permet aux poêles modernes d’atteindre des rendements très élevés, supérieurs à 80%, tout en émettant des quantités de gaz nocifs et de particules fines très réduites. Les bûches, sitôt enflammées, se consument rapidement (entre deux et quatre heures). La chaleur accumulée dans la masse des briques réfractaires se diffuse progressivement dans toute la maison, grâce à des grilles d’aération, des carreaux ajourés ou un réseau de gaines pour les étages. Le poêle en faïence moderne à air chaud contenant un foyer (fonte), un récupérateur de chaleur (acier ou fonte) et un décor de carreaux de faïence, permet de placer un foyer en sous-sol et le poêle décoratif à l’étage. Il est aussi possible de coupler ce système à des radiateurs « eau ».
Son revêtement extérieur, en faïence et céramique cuite à 1200°C dite thermo-faïence -base blanche, face extérieure émaillée-, résiste aux températures extrêmes. Ces carreaux contribuent à la conservation de la chaleur tout en évitant de se brûler au contact extérieur du poêle. Ils offrent de nombreuses possibilités décoratives dans le choix de la couleur ou des motifs.
Son poids conséquent, entre 500 kg et 4000 kg, impose d’installer le poêle sur un sol solide, au rez-de-chaussée -les planchers de bois des étages des maisons à colombages alsaciennes ne peuvent le porter-, idéalement dans le salon ou dans la cuisine. Il possède parfois un banc chauffant. Autrefois doté d’un four à bois il servait à préparer le repas ; aujourd’hui on peut, à la fin de la flambée, poser une plaque en brique ou en métal sur les braises pour cuire pain, pizza, plat à mijoter… Construit sur mesure, il peut prendre de nombreuses formes, tailles, hauteurs ; être séparé du mur ou encastré et s’adapte facilement à tous les styles.
Un investissement rentable
Le Kachelofe, imposant objet de décoration, est un atout à l’heure de la transition énergétique. Il séduit à nouveau, tant pour des raisons financières qu’esthétiques. Élément clé de la maison, il en est un pôle attractif et convivial.
Un poêle à bois alsacien offre un excellent rendement, idéal dans des maisons anciennes, en pierres, peu isolées, plutôt grandes etc. Il consomme très peu de bois, au maximum une dizaine de stères par an. Son feu, rapide, intense et évitant le risque d’encrassage, permet d’utiliser des résineux, bois blancs, résidus de scierie, restes de bois de charpente, palettes usagées… Une flambée de deux heures peut chauffer jusqu’à 24 heures.
Son prix va de 100€ à 5000€ pour des poêles anciens à restaurer et de 10 000€ à 15 000€ pour les modèles neufs, voire au-delà pour des demandes spécifiques. Son coût est principalement lié à son âge, son style et son état. Les modèles anciens devenant rares, ils ne se trouvent que chez certains chauffagistes capables de les restaurer et de les adapter.
Les artisans
Bas-Rhin
- Kaltenhouse Damien SPATARA 30, rue de Schirrhein T. 06-86-56-59-39
- Saint Pierre Bois Bernard GROSSIORD et Fils 8, route romaine T. 07-86-11-24-42
- Sélestat Sébastien KOEHLER 7, rue de la Maison Rouge, ZI Nord T. 06-50-22-29-78
- Soufflenheim Vincent PIRARD 10, rue de Bischwiller T. 06-81-49-84-01
Haut-Rhin
- Breitenbach Bernard HUCK 3, Impasse Warbel T. 06-88-14-55-24
- Dannemarie BREMON 3, rue de Belfort T. 03-89-25-03-52
- Hésingue Roland KEIFLIN et Fils 112, rue de Saint-Louis T. 03 89 67 58 01
- Zaessingue Victor WALTER 15, rue Pasteur T. 06-73-07-32-89
Sébastien KOEHLER
Victor WALTER
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