Douarnenez- Finistère

Les petites maisons colorées regardent la mer, serrées les unes contes les autres, cernées de ports, de bateaux de pêche et de plaisance. Voici une promenade dédiée à ces cousins de l’autre bout de la France, en réponse à la chaleureuse invitation de l’office de tourisme de Douarnenez : « DouarnVenez » !

Marins Douarnenez
Photo de marins sur un des murs de la ville © D’Alsace et d’ailleurs

Légendaire

Selon Jean Markale, Malgwenn est une Valkyrie reine du nord. Elle épouse Gradlon roi d’Armorique. Malgwenn meurt en accouchant de sa fille Dahut. Gradlon commande la cité d’Ys et l’offre à sa fille. La ville, protégée de digues, a pour unique accès une porte en bronze dont seul Gradlon a la clef.

Adulte, Dahut aime la compagnie des marins. Au matin, lassée, elle envoie chacun d’eux au-delà de la Baie des Trépassés…

Un jour de grande tempête, Dahut tente vainement de voler la clef d’Ys à son père Gradlon. Celui-ci fou de rage pousse sa fille dans la mer du haut d’une falaise. Phénomène magique, la mer submerge la ville d’Ys. On raconte que par temps calme, aux abords de Douarnenez, on entend sonner les cloches d’Ys.

© D’Alsace et d’ailleurs

Continuons avec la légende d’après laquelle « Poul Dahut » – « le trou de Dahut » – serait l’endroit où la princesse aurait été précipitée dans la mer. Poul-Dahut aurait ainsi donné son nom à la commune de Pouldavid-sur-Mer. Celle-ci, comme Ploaré et Tréboul, est rattachée à Douarnenez depuis 1945.

Pour en finir avec la légende, en voici une conclusion intéressante : Lutèce – Paris – aurait été rebaptisée « Par Ys », en breton, « pareille à Ys » car « Pa vo beuzet Paris ec’h adsavo Ker Is » « quand Paris sera engloutie resurgira la ville d’Ys ».

Il existe de très nombreuses variantes de l’histoire de Dahut à découvrir ici.

Port du Rosmeur © D’Alsace et d’ailleurs

Culture et animations

L’été, Douarnenez s’anime de nombreux rdv : Temps fête en juillet, le festival du cinéma en août, les vendredis sur pilotis, les ateliers ouverts d’artistes… Le reste de l’année, il y a les rencontres musicales de La vie en Reuz, les Gras de Douarnenez… Autant d’activités à échelle humaine où l’on profite tranquillement du spectacle. C’est une ville aimée des artistes.


D’écailles et d’argent

Douarnenez plonge de longue date ses filets dans la mer. Le chemin de la sardine y commence dès l’Antiquité avec des cuves de garum – fermentation de viscères de poisson voire d’huîtres macérés longuement dans du sel et utilisée comme condiment -.

Retrouvées à Plomarc’h, elles témoignent de l’ancienneté de l’activité de transformation du poisson dans la région.

Aujourd’hui ce chemin est matérialisé par des clous de bronze à suivre vers tous les lieux phares de l’histoire de la pêche à Douarnenez.

Douarnenez bénéficie d’un phénomène naturel qui fera la fortune de certaines familles de la région : l’abondance de sardines.

Elles migrent à la suite de leur nourriture vers les mers du nord en été et descendent vers le sud en hiver.

Pêchées entre juin et novembre, les sardines ont à cette période un taux de matière grasse plus élevé. Il participe à la qualité nutritive et gustative des poissons mis en conserve.

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Une pêche responsable

La bolinche est un filet que l’on tourne autour d’un banc de poissons. On le jette rapidement à la mer et on le ferme tout aussi rapidement grâce à une coulisse. Le banc de poisson captif est hissé à bord avec une grande épuisette. Si dans le filet les spécimens sont trop jeunes ou ne correspondent pas aux espèces recherchées, la bolinche permet de les libérer immédiatement.

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Pêchée de nuit, la sardine est plongée dans de l’eau glacée pour conserver sa fraîcheur jusqu’à l’aube. Achetée directement aux pêcheurs par les conserveries au petit matin, elle est aussitôt transformée : la sardine est un petit poisson fragile. Pour garantir sa qualité, il faut agir rapidement.

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Toutes les pêcheries n’utilisent pas cette technique. Lisez attentivement les boîtes de conserve de poisson que vous achetez. Les marques qui encouragent une pêche responsable mentionnent le nom du bateau pêcheur. Il est facile de voir sur internet si c’est un chalut géant doté de filets dérivants qui emportent indifféremment toutes les espèces ou pas.

La Conserverie Chancerelle est née en 1853. Elle est la plus ancienne conserverie de sardines au monde encore en activité. Elle possède un second site de production au Maroc.

La conserverie est distinguée par le label Entreprise du Patrimoine vivant : tout le processus de fabrication est resté le même depuis sa création.

Elle commercialise ses poissons transformés sous les marques Connétable, Phare d’Eckmühl et Pointe de Penmarc’h.

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Les amateurs de poissons frais trouveront leur bonheur dans les poissonneries du port ou des halles.

Étal du poissonnier aux halles © D’Alsace et d’ailleurs

Rouge

La tradition rapporte que les Douarnenesiens sont appelés « Penn Sardin », « tête de sardine » dès le XVIIIe siècle. Le développement massif de la pêche de la sardine et des activités liées vaudront aux femmes de voir leurs coiffes désignées de la même façon.

À cette époque naît un clivage marqué entre les pêcheurs et les ouvriers des conserveries d’un côté et leurs riches employeurs de l’autre. Douarnenez manque de professions intermédiaires pour équilibrer sa société.

Les élections de 1919 marquent un tournant. Un représentant de la Section française de l’Internationale ouvrière est élu maire. Puis en 1921 c’est le Parti Communiste français qui remporte l’élection. Douarnenez devient ainsi la toute première municipalité communiste de France.

L’actuelle section du PCF de Douarnenez se trouve au 55 Rue Duguay Trouin.

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Le repère des sardinophiles

Dans les années 90, Chantal Rivier ouvre Penn Sardin rue le Breton, boutique spécialisée dans le commerce de conserves de sardines, car c’est le souvenir que les touristes ramènent de Douarnenez. À la même époque, les conserveries lancent les boîtes de sardines millésimées.

Très en avance sur son temps, Chantal Rivier développe un site de vente en ligne avec son fils Philippe. Connue des collectionneurs du monde entier, Penn Sardin figure dans de nombreuses publications touristiques.

Fin 2018, Chantal Rivier part en retraite. Racheté par les Fuchs un couple franco-allemand, le magasin prend avec eux une dimension internationale.


De bric et de broc mais pas en toc

Une autre enseigne se distingue à Douarnenez par son allure : le Bric-à-brac de Frédéric Poulot- Perros, fils de Georges Perros, célèbre écrivain, rue Émile Zola. Dans une accumulation extraordinaire d’objets anciens hétéroclites, on trouve une librairie inattendue. À voir absolument !

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Rue Anatole France

La rue Anatole France accueille plusieurs échoppes artisanales et d’artistes. Pittoresque, elle déroule ses façades typiques jusqu’à la mer côté port du Rosmeur, port de pêche historique de Douarnenez.

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Le port du Rosmeur

Arrivant au bord de l’eau, on peut admirer les petits bateaux de pêcheurs- plaisanciers au mouillage. Le port du Rosmeur abritait autrefois les chaloupes des pêcheurs de sardines. Il est plaisant de s’y attarder et d’y observer l’activité, assis sur un banc ou de siroter un verre sur une des terrasses longeant le port.


Port-Rhu, port-musée

Longtemps appelé « rivière de Pouldavid », le nom de cet ensemble portuaire situé au sud de Douarnenez viendrait de l’installation d’un abattoir en amont rougissant de sang l’eau. Il serait devenu « Port-Rhu », « Port-rouge » ; d’autres spéculent sur « Porzh-Ru » « Port du ruisseau ».

L’essentiel des quais du port est construit dans la seconde moitié du XIXe siècle, à la faveur du développement des conserveries. Celles-ci nécessitent, outre les poissons, quantités de sel et d’huile acheminées par voies maritimes puis par chemin de fer. La modification des besoins des conserveries fait évoluer l’usage de Port-Rhu qui devient port de plaisance.

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Le Port-Rhu est également un musée de navires à flots, tel le Scarweather construit en 1947 en Angleterre. Servant de bateau-phare, il signalait les passages maritimes difficiles à des endroits où aucun phare physique ne pouvait être construit. Désarmé, il est amarré au Port-Rhu depuis 1991 où on le remarque de loin.

Dans l’anse de Pors An Eostig, sur la rive gauche du Port-Rhu, un dizaine de bateaux s’éteignent. Cet alignement est le cimetière marin de Douarnenez. Danger pour les uns, aire de jeux ou décor de photos pour les autres, il sera laissé en place. Soizic Robet signe en 2019 dans Ouest France un bel article à son sujet.

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Tréboul

À l’autre bout du port, près de l’île Tristan, de nombreuses activités nautiques sont accessibles dans le quartier du Tréboul. Ce côté de la ville est le plus balnéaire. Ses ruelles de maisons blanches étagées à flancs de colline sont surnommées « le petit Maroc ».


La plage du Ris

Au nord de Douarnenez, la plage du Ris, dotée de cabanons pittoresques offre une vue imprenable sur la baie et le port du Rosmeur.

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Jumelles ou cousines?

 » Qu’y a-t-il entre l’Alsace et la Bretagne? La France!  » dit Gilles Pudlowski. Dans son Dictionnaire amoureux de l’Alsace, le journaliste gastronomique trace les parallèles entre les deux régions et leur déclare sa flamme en soulignant leurs points communs.

Plusieurs communes des deux extrêmes est et ouest géographiques français ont fait le choix de lier leurs patrimoines au fil de rencontres régulières en se jumelant :

  • Fréland (Haut-Rhin) l’est avec Ploudaniel (Finistère) depuis 1976;
  • Sainte-Croix-aux-Mines (Haut-Rhin) avec Pluduno (Côtes d’Armor);
  • Barr (Bas-Rhin) avec Perros-Guirrec (Côtes d’Armor);
  • Bischoffsheim (Bas-Rhin) avec Ploubazlanec ( Côtes d’Armor);
  • Obenheim (Bas-Rhin) avec l’Île d’Ouessant (mer Iroise);
  • Reischstett (Bas-Rhin) avec Gouesnou (Finistère);
  • Steinseltz (Bas-Rhin) avec Lécousse (Ile-et-Vilaine)…

Ces relations privilégiées ont trouvé leur point d’orgue pendant le confinement du printemps 2020. Kermaria-Sulard des côtes d’Armor – jumelée depuis plus de 25 ans avec Muhlbach-sur-Munster dans le Haut-Rhin -, a commandé en soutien à un jeune agriculteur alsacien, mille munsters !

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Pour aller plus loin

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