Les jardins de Marqueyssac – Dordogne

À Vézac, en Dordogne, les jardins de Marqueyssac se déploient sur 22 hectares végétaux. Ce domaine privé ouvert au public depuis 1997 est labellisé Jardin Remarquable depuis 2004 et Qualité Tourisme. Il compte également dans l’Association des Parcs et Jardins d’Aquitaine et dans l’European Boxwood and Topiary Society.



Voyage dans le temps

Bertrand de Vernet de Marqueyssac

En 1692, Bertrand de Vernet de Marqueyssac, conseiller du roi au siège de Sarlat, achète une terre sur un éperon rocheux. Le lieu offre une vue ouverte sur l’ensemble de la vallée. Le regard porte très loin sur l’horizon. Porcher, élève d’André Le Nôtre, dessine, posées sur de hautes murailles, quatre solides terrasses accueillant, à terme, un jardin à la française inspiré des réalisations du maître.


© Corinne Longhi © D’Alsace et d’ailleurs

Julien de Lavergne de Cerval 

L’arrière-petite-fille de Bertrand, Louise Madeleine de Vernet de Marqueyssac, épouse le général François Hubert De Lavergne de Cerval en 1774. Le domaine change ainsi de nom.

Leur petit-fils Julien (1818-1893), juge de première instance au tribunal de Sarlat, membre du Conseil Général et de la Société d’Agriculture de la Dordogne, en hérite en 1861 et vit au château en 1881.

Celui-ci est aujourd’hui meublé dans le style de cette époque, Napoléon III. Son rez-de-chaussée se visite.

© Corinne Longhi © D’Alsace et d’ailleurs

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Participant à une campagne militaire en Italie en 1849 Julien de Lavergne de Cerval y découvre, subjugué, jardins et palais.

Héritier du domaine de Marqueyssac, il en fait l’œuvre de sa vie. Pendant trente ans, il y épanouit sa passion jardinière, plantant quelques pins parasols évoquant l’Italie. 

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Les allées sont courbes, à la mode du XIXe siècle au temps du Second Empire. Leur ensemble représente 6 km de chemins.

L’allée cavalière, reliant d’un bout à l’autre le piton rocheux de Marqueyssac, est creusée dans la roche entre 1830 et 1840.

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S’inspirant du patrimoine périgourdin, Julien de Lavergne de Cerval fait construire des cabanes en pierres sèches, un calvaire et une chapelle gothique dédiée à saint Julien, patron des charpentiers, des hôteliers et passeurs d’eau, abritant les tombes de ses descendants.

Le belvédère, porté par la falaise de calcaire, surplombe la Dordogne à 130 mètres d’altitude et la Vallée des trois châteaux qui en compte quatre : Beynac, Fayrac, Castelnaud et Milandes.

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De Maximilien d’Erp à Jacques de Jonghe d’Ardoye et Donatienne D’Erp de Holt et Baerlo

Maximilien d’Erp, gendre de Julien de Lavergne de Cerval reprend Marqueyssac. Ce diplomate devient ministre de Belgique à Téhéran. Appelé à Rome auprès du Saint-Siège, il invite l’évêque de Mantoue, Giuseppe Sarto, futur Pape Pie X. Conservant l’allure générale du domaine de Marqueyssac, Maximilien d’Erp y ajoute, çà et là, yuccas et rocailles.

À l’origine, le revenu de quatre métairies assure l’entretien de Marqueyssac. Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, la taille régulière des buis n’étant plus réalisée, ils atteignent de telles proportions que le tracé initial des jardins disparaît. Malgré la présence régulière de la famille d’Erp à Marqueyssac, le devenir des parc et château semble compromis.

Cependant, depuis l’arrêté ministériel du 16 décembre 1969, Marqueyssac est classé pour son « intérêt pittoresque et historique ».

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Renouveau

Kléber Rossillon

En 1996, Kléber Rossillon, amoureux du patrimoine et propriétaire du château voisin de Castelnaud, se porte acquéreur du domaine de Marqueyssac. Il entreprend d’en redéfinir les contours avec l’aide du jardinier-paysagiste José Leygonie.

Après de nombreuses recherches dans d’anciens documents, ils s’attachent à restituer une version la plus proche possible de celle imaginée par Julien de Lavergne de Cerval.

Aidés de soixante entreprises et plus de dix jardiniers, José Leygonie et Kléber Rossillon atteignent leur objectif en moins de deux ans, permettant l’ouverture du parc au public dès 1997.


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Le buis au coeur du jardin

Dans les jardins à la française fin XVIIe et XVIIIe siècle, le buis est omniprésent dans les parterres. À Marqueyssac, ceux du bastion, âgés de 110 à 140 ans, accueillent les visiteurs. En 1996, ils sont fortement rabattus pour retrouver leurs tracé initial tout en composant librement de nouveaux volumes courbes.

Omniprésent, le buis est topiaire rond au Jardin du Bastion et rectangulaire au Jardin du Chaos. Ce dernier, imaginé par Kléber Rossillon, figure un mur de pierre en ruine, inspiré par le courant artistique des Ruinistes. Au XVIIIe siècle, de nombreuses découvertes archéologiques inspirent des peintres tels que Piranèse en Italie et Hubert Robert en France. Ils mettent en scène, dans des ambiances dramatiques, des bâtiments ruinés. Ce mouvement donnera naissance au Romantisme.


Dans le domaine, les 150 000 buis sont aussi bosquet, chambre de verdure ou garde-corps au long des allées cavalières et chemins, se déployant sur des hauteurs et dans des formes variées.

Deux fois par an, pendant trois mois, le buis est cisaillé manuellement pour préserver le plus possible ses tiges délicates., l’envahit, il est traité nuit et jour à l’aide d’un bacille.

Pour Alain Baraton, Jardinier en chef des Jardins de Versailles et parrain du Jardin de Marqueyssac depuis 1996, le domaine replace le jardinier au coeur du jardin. Selon lui, le choix du buis comme élément d’ornement central du domaine est une énorme prise de risque. Il faut le traiter jour et nuit à l’aide d’une bacille quand la pyrale du buis venue de Chine l’envahit. Elle a décimé de nombreux massifs en France.

Ce pari fou et le soin apporté à son entretien a pour résultat un jardin unique et exemplaire, servant de référence à de nombreux autres.

Jean Lemoussu, Jardinier en chef au domaine de Marqueyssac, vous partage ici ses conseils pour entretenir votre buis.

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Le sens de l’accueil

Le domaine de Marqueyssac est accessible au plus grand nombre, petits et grands, grâce des allées planes soigneusement entretenues et dégagées ainsi qu’une navette reliant les deux extrémités du site.


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Depuis son ouverture au public, de nombreux aménagements ont enrichi la visite : aires de pique-nique et terrasse panoramique, via ferrata, initiation à l’escalade, parcours de sensibilisation à la faune et à la flore, parcours des tout-petits, labyrinthe, cascades et chemin d’eau, volière et squelette d’allosaure vieux de plus de 150 millions d’années… On y reste facilement la journée sans voir le temps passer.



Pour aller plus loin

  • Les Jardins de Marqueyssac
  • Les Jardins suspendus de Marqueyssac, guide, Kléber Rossillon, Dominique Reperant, édition Ouest-France, 2000
  • Les jardins de Marqueyssac : Le belvédère de la Dordogne, Éric Sander, éditeur Périplus, 2005
© Corinne Longhi © D’Alsace et d’ailleurs
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