Die Schultüte, le cornet scolaire allemand

La rentrée scolaire est un moment important dans la vie d’un enfant, marquant pour la plupart la première séparation d’avec les parents et une certaine forme d’autonomie. Nos voisins Allemands ont trouvé une jolie astuce destinée à adoucir ce moment souvent chagrin et le transformer en un jour de fête.

© Corinne Longhi © D’Alsace et d’ailleurs

Cette tradition nait en 1810 en Saxe et en Thuringe. On en trouve en 1817 à Iéna, à Dresde en 1820 et à Leipzig en 1836. Progressivement la pratique s’étend sur tout le territoire, en particulier après la Première Guerre mondiale.

La « Schultüte », « cornet scolaire », dite aussi « Zuckertüte », « cornet de sucre » est un cornet de carton rempli à l’origine de fruits secs, de biscuits, de gâteaux et de bonbons. Il accompagne l’entrée en classe de primaire dans l’équivalent de la classe de cours préparatoire en France. Pour les petits Allemands, c’est le grand jour, la séparation d’avec les parents et leur entrée dans le système scolaire. Le cornet sert à adoucir ce moment.

On raconte aux enfants qu’un arbre à cornets pousse dans la maison des instituteurs. La taille des cornets indique, comme les fruits quand ils sont mûrs, que la rentrée approche, n’attendant plus qu’eux pour les cueillir. Les parrains et marraines les remplissaient de friandises et les parents les remettaient en catimini aux instituteurs, lesquels les accrochaient sur un arbre factice ou réel, le « Zuckertütenbaum ». Les enfants, les « Erstklässer », devaient alors les attraper.

Pendant la guerre froide, au temps de la séparation de l’Allemagne, pour se démarquer l’une de l’autre, chaque partie instaure un standard : en République Démocratique Allemande – Allemagne de l’Est -, les cornets prennent une forme hexagonale et mesurent 85 cm; en République Fédérale Allemande – Allemagne de l’Ouest -, ils conservent leur forme initiale mais se raccourcissent à 70 cm.

En Allemagne, l’entrée à l’école élémentaire est un passage fort. La Schultüte y incarne le symbole d’une sorte de rite initiatique. En effet les petits Allemands vont jusqu’à leurs 6 ans, au « Kindergarten », jardin d’enfants. Ils y passent trois ans de jeu libre et d’éveil, apprenant la vie en communauté, encadré par des éducateurs.

À la différence de la France, les écoles allemandes rouvrent leurs portes dès le mois d’août, dont les dates varient selon le « Land », « la région ».

Aujourd’hui, les cornets scolaires sont en carton coloré et décoré et faits maison, par les parents ou les enfants, au jardin d’enfants. Depuis quelques temps, ils peuvent aussi être en plastique et achetés tout faits dans le commerce. Ils sont désormais remplis outre les friandises, de petits cadeaux voire de fournitures pour l’école, de vêtements ou du « Sportbeutel » – petit sac pour le sport -.

Quand ils entrent dans le monde des « grands » – les alphabétisés « ABC-Schüler » -, les « Erstklässer » sont accompagnés par une fête à laquelle participe la famille proche voire étendue (grands-parents, oncles, tantes…). La direction les accueille solennellement par un discours, éventuellement suivi d’un spectacle présenté par les élèves des classes supérieures.

Les enfants rejoignent ensuite leur enseignant(e) et leur classe, accompagnés d’un parent où ils se familiarisent avec les lieux. Ils y font la connaissance de leurs camarades. Les plus curieux déballent leur Schultüte dans la classe, les autres attendent d’être rentrés chez eux. Un repas en famille, parfois entre amis aussi, clôt la fête.

Souhaitons que cette douce entrée en matière soit profitable à tous les petits élèves allemands !


Pour aller plus loin

Une émission consacrée dans Karambolage sur Arte

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