Mémorial de Haute-Alsace à Dannemarie

L’entreprise DMC s’installe en 1924 à Dannemarie dans un bâtiment de briques rouges. Occupé successivement par Jappy puis Peugeot Motocycles, le site devient friche industrielle en 2012. Il rouvrira ses portes sur le Mémorial de Haute-Alsace de Dannemarie à l’été 2021, une collection d’objets militaires pour faire l’apologie de la Paix.


À l’origine, les collectionneurs passionnés d’objets militaires membres de l’association « Les Tranchées Oubliées ».

En 2015 et 2016, ils présentent une exposition de 13 000 objets de la Première Guerre Mondiale dont une grande partie vient de la collection personnelle de Jacky Sontag, président de l’association. Du succès des évènements, 11 000 visiteurs dont 4 000 enfants, naît l’idée du Mémorial.

Ce projet d’envergure est porté par Jacky Sontag, président de l’association « Les Tranchées Oubliées », et ses membres actifs ( dont le vice-président est l’ancien maire de Dannemarie, Paul Mumbach), le maire actuel, Alexandre Berbett, historien de formation, archiviste de métier, auteur d’ouvrages historiques et Marion Lavaux, archiviste paléographe diplômée de l’école nationale des Chartes, directrice du Mémorial.



L’exposition permanente est constituée d’une majeure partie de la collection personnelle de Jacky Sontag qui l’a vendue à la Ville de Dannemarie. Immersive, elle présente l’Alsace, le Sundgau en particulier, ballotés entre France et Allemagne, de 1871 à 1919.

La particularité de Dannemarie dans ce contexte est d’avoir été un des rares territoires allemands occupés par les troupes françaises pendant presque toute la durée de la guerre.

Une projection vidéo et la première salle évoquent l’histoire du territoire depuis 1648 jusqu’à la guerre de 1870 avant d’entrer dans le vif du sujet.



Dans les vitrines de la première salle, d’authentiques uniformes d’époque redonnent corps aux belligérants.




Un couloir où sont projetées des images d’époque nous plonge dans l’ambiance du départ pour le front. Un rare film montre les fleurs aux fusils des soldats Français.


Allemands

Français

La « bataille des Frontières »  à l’été 1914 est la phase la plus meurtrière de la guerre.

À l’image de la destinée du caporal Jules-André Peugeot, 21 ans, première victime française documentée, tué le 2 août 1914 à Joncherey, Territoire-de-Belfort, par le sous-lieutenant Mayer 22 ans, lui-même abattu dans la foulée par un homme du caporal, la veille de la déclaration officielle de la guerre par l’Empire allemand contre la France.

Son képi a été mis en dépôt au Mémorial par la commune de Joncherey, qui le conservait précieusement.

Ces tout jeunes hommes sont emblématiques de la génération de vingtenaires et des 19 millions de morts sacrifiés dans ce conflit.




Derrière, les combats du Sundgau sont illustrés par des uniforme en vitrines, un cavalier à cheval et des panneaux pédagogiques.



Au-delà, le portrait en pied, à l’échelle 1, de l’Alsacien Dominik Richert originaire de Saint Ulrich est émouvant. Revenu vivant au terme d’un parcours militaire inouï, il faut une carte d’Europe pour en prendre toute la mesure.


Les cahiers de ses mémoires rédigées d’une traite et sans ratures, éditées plus tard sous le titre « Cahiers d’un survivant, Un soldat dans l’Europe en guerre » et mis à disposition par sa famille sont également exposés. Un écran tactile présente leur version numérique.


Plus loin une tranchée, effondrée sur vingt-et-un soldats allemands, livre son contenu exhumé par un chantier de fouilles préventives menées à Carspach : « queues de cochon », bouteilles en verre, fragments de lampes, pelles, etc. ; ces objets ont été offerts par le président de l’association Kilianstollen 1918.

Une maquette du viaduc de la Largue réalisée par les étudiants de l’école d’architecture de Strasbourg et la silhouette d’un obus probablement du grand canon de Zillisheim illustrent d’autres aspects matériels du conflit.


Derrière une double-porte, la tranchée pédagogique mise en scène par les membres des « Tranchées Oubliées ».

D’un côté des alcôves aux mannequins revêtus d’uniformes français, de l’autre, les Allemands. Une soixantaine de figures en tout, dans des ensembles fidèlement reconstitués, dans les moindres détails.

Cette mise en scène interpelle et rappelle, outre l’absurdité de la guerre, combien nous sommes chanceux de vivre dans un pays en paix depuis près de huit décennies.


Radio Français
Télégraphe Allemand

Tireur Allemand
Tireur Français

Soldat Français avec pigeon voyageur
Soldat Allemand

Soldat Allemand devant le portrait de l’Empereur Guillaume II
Heimat Weh – Le mal du pays

Nécessaire de chirurgie français
Infirmerie française

Paquetage allemand
Paquetage français


La visite s’achève sur la présentation des uniformes des troupes alliées et les projections de photos du fonds Castelnau, des couvertures des « Kriegsberichte », journaux de propagande française sortis des archives de Dannemarie par le maire Alexandre Berbett, et divers documents évoquant la vie des Alsaciens sous administration française.







Merci à Marion Lavaux, Paul Mumbach et Alexandre Berbett pour leur accueil et à Jacky Sontag pour sa passionnante collection.

Marion Lavaux, Paul Mumbach

À terme, le Mémorial accueillera des expositions temporaires, un restaurant, une salle de réunion-conférence et une salle pédagogique. Un canon de 75 obtenu par Christophe Grudler rejoindra le hall d’accueil.

Pour aller plus loin

Mémorial de Haute-Alsace

  • L’histoire du Sundgau, Alexandre Berbett et Jean-Marie Cuzin
  • Eugène Ricklin (1862-1935), un chef autonomiste alsacien, Alexandre Berbet, Mulhouse, JDM Éditions, 2018, 436 p.
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